Aucun touriste de passage à Castiglione ne devrait manquer de visiter le « Grand château », et en particulier aucun Français puisqu’ici se trouve un petit morceau de Normandie. Appelé également « Château Lion », à l’instar de Castiglione « Castrum Leonis », il s’agit d’une forteresse normande comme le sont, d’ailleurs, la plupart des châteaux de la vallée de la rivière Alcantara.

En fait, il n’existe aucun document fiable concernant ses origines. Néanmoins, les deux fenêtres géminées de l’édifice principal permettent de dater le noyau central. On estime qu’il fut édifié vers 1200, ce qui correspond justement aux périodes de dominations normande et souabe.

En revanche, l’aile sud, en direction de l’Etna, est indéniablement plus récente.

Il est aussi fort probable qu’il s’agisse déjà d’une forteresse de l’époque byzantine, en raison de sa position stratégique : le château de Castiglione surplombe en effet la vallée.

En 1283, l’amiral Roger de Lauria, le Grand Capitaine qui avait défendu la Sicile contre les Angevins, devint le Seigneur de Castiglione et par conséquent le propriétaire du château. C’est pourquoi, la forteresse s’appelle depuis, « Château de Lauria ».

Franchissons donc le porche d’entrée. Un pas en avant, et nous voici dans le hall de grès entièrement creusé dans la roche. Ici, si on lève les yeux, le regard se pose sur deux trous circulaires dans le toit, par lesquels on pouvait laisser tomber sur l’assaillant divers projectiles, comme des pierres ou des matières incendiaires, voire de l’eau ou de l’huile bouillante.

Puis, un escalier sculpté dans la roche nous mène dans la cour face au grand rocher en calcaire. C’est la partie la plus élevée et la plus ancienne du château. Ici, une cavité nous dévoile l’existence de l’ancienne église rupestre de sainte Barbare. L’escalier arrive au dernier niveau, jusqu’aux ruines d’une tour quadrangulaire peut-être elle aussi normande, appelée « Solecchia« . Même s’il ne subsiste aucun document pour le prouver, celle-ci devrait être vraisemblablement destinée à la fabrication de la monnaie. Dans l’aile nord, actuellement inaccessible, se trouvaient les prisons, ainsi que les entrepôts, les écuries et les granges.

Enfin, profitez quelques instants de la terrasse panoramique pour admirer le paysage qui s’offre à vous. Un dernier regard à la chapelle de Saint Philippe d’Agira où de récentes fouilles ont dévoilé une tombe anthropomorphe d’origine byzantine et finalement, régalez-vous. Une surprise vous attend dans le bâtiment récemment restauré : l’œnothèque régionale de la Sicile orientale. Peut-être aurez-vous le plaisir de conclure votre visite par la dégustation d’un verre de vin.